L’apôtre Paul se réjouissait de ce que les chrétiens de l’Église de Philippe se fussent mobilisés pour soutenir le ministère que Dieu lui avait confié.

Certes, cela lui fit chaud au coeur, mais pas pour ce que l’on pense. Il ne se réjouit pas parce qu’enfin cette église va prendre soin de lui financièrement, mais parce qu’en agissant ainsi Dieu allait bénir cette église en retour.

Toutefois, Paul continue et dit : « car j’ai appris à être content dans l’état où je me trouve ».

Deux mots dans ce verset sont cruciaux pour bien interpréter et comprendre ce que l’apôtre essaye de communiquer à ses lecteurs.

Le premier, c’est le mot « apprendre ». Le mot grec (manthano) provient de la même racine que le mot disciple (mathetes) et signifie « découvrir par l’expérience » et sous-entend que ce qui est découvert ne peut être connu que sur le tas. Par exemple lorsque Jésus enseignait en paraboles, il révélait des « secrets » concernant le Royaume de Dieu que seuls ses disciples pouvaient comprendre. Ainsi, une bonne manière de traduire ce mot dans le contexte présent serait: « J’ai appris le secret de… » Paul avait appris le secret qui lui permettait d’être content dans la situation dans laquelle il se trouvait.

Le deuxième mot crucial dans ce verset est le mot « content ». Mot français veut dire: « Qui éprouve du bonheur, de la satisfaction en raison de circonstances agréables, satisfaisantes : Je suis content de ce succès » (Larousse). Mais, la traduction par « content » ne fait pas justice au mot grec utilisé. Dans l’original ce mot est composé de deux parties: une préposition et un mot. Ce mot ne figure tel quel qu’une fois dans le Nouveau Testament, dans ce texte. Il faut donc trouver d’autres endroits où il serait utilisé dans sa forme simple. Ainsi ce mot sans la préposition se trouve ailleurs et notamment dans 2 Corinthiens 12.9: « et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi ». Pour bien comprendre le mot grec « arkeo », voyons ce qu’il signifie dans ce contexte. En raison des grandes révélations que Paul a reçues, celui-ci reçut aussi une écharde dans la chair, qui se manifestait principalement par d’énormes persécutions (v.8 et 10). Paul demande au Père de l’en délivrer, mais Il lui répond: « ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse ». En d’autres mots le Seigneur révèle à Paul un secret: la vie chrétienne se vit par la grâce, car celle-ci est la puissance de Dieu qui agit en nous (Eph.3.20). Il lui dit donc: «repose-toi sur ma grâce, car elle est suffisante ». C’est une leçon que nous devrions aussi apprendre. Nous ne devons pas toujours nous attendre à être délivrés de la situation dans laquelle nous nous trouvons, mais nous devons apprendre à puiser notre force et nos ressources dans la puissance même de Dieu, dans sa grâce… afin de nous en sortir. C’est cela la maturité chrétienne. Paul, suite à ces révélations, au milieu de la tourmente et de la persécution, avait appris le secret d’une vie victorieuse: la grâce de Dieu était « arkeo », suffisante.

Retournons maintenant à Phil. 4:11, et analysons le mot : « content » à la lumière de ce que nous venons de découvrir. Le mot traduit par content en grec est le même mot utilisé en 2 Cor. 12.9 « arkeo » (suffisant), mais avec en plus la préposition « auto » : « auto-arkeo ». Vous avez certainement saisi la chose. « Autoarkeo » veut dire: « autosuffisant ». Paul dit que les Philippiens avaient bien fait de le soutenir financièrement. Non pas parce qu’il fût dans le besoin – il l’était, mais ce n’était pas pertinent –, mais en raison du fait que le Seigneur allait les bénir en retour. Il continue: « Ce n’est pas en vue de mes besoins que je dis cela »… Paul n’est pas mût par ses besoins. Il est mût par quelque chose de plus puissant. Il est mût par un secret. Il dit et je paraphrase : « vous avez bien fait de donner dans mon ministère. Mais je ne dis pas cela pour moi. Mais pour votre bénéfice. Car en ce qui me concerne j’ai appris par expérience un secret. J’ai appris le secret d’être autosuffisant. En toutes circonstances, j’ai appris le secret pour vivre sans devoir dépendre des gens. J’ai appris comment vivre en totale dépendance de Dieu que je n’aie rien ou que j’aie beaucoup. »

Certes, l’autosuffisance de Paul ne se fonde pas sur ses capacités, mais sur la base d’un secret, à savoir le secret découvert en 2 Corinthiens 12 : la grâce de Dieu. Il a appris ce que cela voulait dire que dépendre de Dieu. C’est cela son autosuffisance.

Il le démontre dans le texte qui suit : « Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout, j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. »

Remarquez ce qu’il dit: « je sais vivre dans la disette et dans l’abondance » ou pour être plus précis: « j’ai appris le secret pour être autosuffisant dans la disette, à savoir quand je n’ai pas grand-chose, mais aussi dans l’abondance. » Il dit que lorsqu’il est dans la disette il a appris à dépendre de Dieu, mais aussi lorsqu’il est dans l’abondance. Faut-il apprendre à être autosuffisant quand on est dans l’abondance ? N’est-ce pas facile d’être « content » quand on a tout ? Oui, si on dépend des circonstances. Mais Paul ne dépend pas des circonstances. Il dépend de Dieu. Car même dans l’abondance il a compris que s’il se reposait sur cette abondance il ne serait pas autosuffisant. En revanche, s’il se reposait sur son secret, la grâce de Dieu qui opère en nous, la puissance de Dieu qui agit en lui, il contrôlerait la situation.

Ceci est évident par le verset qui suit : « je puis tout par Christ qui me fortifie ». Non par ses propres forces, mais par Celui qui le fortifie.

Comment est-il fortifié par Christ? À travers le secret de Paul. Le secret qui lui permet d’être autosuffisant c’est la grâce de Dieu qui est la puissance pour surmonter toutes les circonstances.

Dans toutes les situations de la vie, nous devons tous apprendre le secret de Paul. Au travers de ses expériences personnelles avec Dieu, il apprit le secret pour être autosuffisant. Dans l’abondance ou dans la pauvreté, il savait qu’il ne pouvait tenir ferme que par la grâce de Dieu.

Ainsi. Il est impératif pour chacun de nous d’apprendre le plus vite possible le secret qui a transformé la vie de Paul. Beaucoup de gens, en interprétant ce passage, parlent du « contentement » chrétien. A savoir, il faut apprendre à être « satisfait de toutes les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. » En tout instant, le chrétien devrait être « content », satisfait: qu’il ait beaucoup ou peu, il ne doit pas vouloir plus, il lui suffit de rester humble et d’apprendre à être « content » avec ce qu’il a. Oh, que j’aime ce que Smith Wigglesworth, le grand pionnier de la foi a dit : « Je ne suis satisfait que d’une chose, je suis satisfait du fait que je ne suis jamais satisfait ! »

Bien que le contentement puisse avoir sa place dans la vie du croyant, ici, Paul ne semble pas parler du contentement chrétien, mais du fait qu’en toutes circonstances, nous devons dépendre totalement de Dieu, car c’est lui qui prendra soin de nous. Il enseigne qu’il y a un secret qui nous propulse vers une vie victorieuse en Jésus, celle par laquelle nous pouvons tout par Christ qui nous fortifie! Paul a appris à être autosuffisant dans toutes les circonstances de sa vie: quand il a beaucoup, quand il a peu… Il a appris à dépendre à 100 % de Dieu et non à reposer sur ses propres forces, sur son abondance, sur ses biens et ses possessions – mais, dans la disette comme dans l’abondance, Paul a appris à dépendre totalement de Dieu : il a appris le secret pour être autosuffisant en toutes circonstances.