C’est à William Carey que l’on doit le mouvement missionnaire moderne. Aîné de cinq enfants, il est né en 1761 dans une famille de tisserands dans un petit village du Northamptonshire, en Angleterre. Carey a été baptisé par le prédicateur baptiste John Ryland Jr. en 1783, alors qu’il était encore adolescent et travaillait comme apprenti forgeron.

Carey a appris seul le grec, l’hébreu, l’italien, le néerlandais et le français grâce à un don naturel pour les langues. En plus d’être un ministre baptiste particulier, il était traducteur, réformateur social et anthropologue. L’université de Serampore, première institution indienne à délivrer des diplômes, a été créée par Carey en même temps que le collège de Serampore.

 

Lorsque Carey est arrivé à Calcutta, en Inde, en 1793, des missionnaires chrétiens l’ont contraint à quitter l’Empire britannique des Indes. Il se rendit alors à Serampore et rejoint les missionnaires baptistes dans la colonie danoise de Frederiksnagar. En 1794, il crée des écoles du dimanche pour les enfants défavorisés, où ils apprennent à lire, à écrire, à faire de la comptabilité et à pratiquer le christianisme. Cette institution est considérée comme la première école primaire de l’Inde. À une époque où les femmes n’étaient pas scolarisées, Carey a mis en place un système d’écoles publiques pour les filles.

 

Le collège Serampore de Hooghly, au Bengale occidental.

Carey crée la première institution théologique, qui délivre des diplômes de théologie, à Serampore. Il appelle à la fin de la coutume de la sati, selon laquelle une veuve s’offrait en sacrifice en s’asseyant sur le bûcher funéraire de son mari.

 

En tant que premier missionnaire baptiste de l’ère moderne, Carey a joué un rôle crucial dans l’apologie des missions. La Baptist Missionary Society a été créée à la suite de la publication de son ouvrage “An Enquiry into the Obligations of Christians to Use Means for the Conversion of the Heathens” (Enquête sur l’obligation des chrétiens d’utiliser des moyens pour convertir les païens), alors qu’il était jeune pasteur. L’Asiatic Society l’a félicité pour “les services éminents qu’il a rendus en ouvrant les réserves de la littérature indienne à la connaissance de l’Europe et pour sa connaissance approfondie de la science, de l’histoire naturelle et de la botanique de ce pays, ainsi que pour ses contributions utiles dans tous les domaines”.

Le bengali, l’oriya, l’assamais, le marathi, l’hindi et le sanskrit figurent parmi les langues dans lesquelles il a traduit la Bible. Il est reconnu comme un réformateur et un missionnaire chrétien de renom.

Carey est resté en Inde pendant 41 ans sans revenir en Angleterre. Il n’a vu que 700 convertis pendant sa mission, mais il a jeté les bases de la traduction de la Bible, de l’éducation et de la réforme sociale. Il a également porté le titre de “premier anthropologue culturel de l’Inde”. Il est décédé modestement, et des générations l’ont admiré pour les nombreuses choses qu’il a faites pour faire revivre la culture bengalie.

Ses enseignements, traductions, écrits et publications, ainsi que les institutions éducatives qu’il a fondées et son influence sur la réforme sociale, ont laissé un héritage durable et sont largement ressentis en Inde.

Père du mouvement missionnaire moderne

On pourrait se poser la question à savoir pourquoi est-il appelé le père du mouvement missionnaire moderne. Pour répondre à cette question il faut comprendre qelle était la nature et le mandat des missionnaires à l’époque de Carey. Ceux-ci suivaient le même mandat que les missionnaires réformés qui au temps de la réforme et de la persécution, en raison de l’inquisition.

En effet, la persécution provoqua une grande diaspora dans le monde occidental, et des milliers de réformés, quittant leur terre natale, se retrouvent dans un autre pays, souvent, au milieu d’une autre langue. Pour cela, les missions protestantes, anglicanes, etc… envoyèrent des “missionnaires” pour s’occuper de la vie spirituelle de leurs connationaux. Ce fut le cas pour les missionnaires anglais envoyés dans le Nouveau Monde, ces missionnaires étaient là pour évangéliser ou atteindre les anglais dans les colonnies.

 

Eglise Wallone des Pays-Bas.

Si vous êtes de passage aux Pays-Bas, attendez-vous à trouver des Eglises réformées de langue française. Seule l’histoire permet d’expliquer cette surprenante pratique et la survivance des Eglises Wallonnes aux Pays-Bas. Au

Lorsque Louis XIV révoque l’Edit de Nantes en 1685, de nombreux Français se réfugient aux Pays-Bas. Après cette date, leur nombre a considérablement augmenté. Une estimation prudente suggère qu’environ 75 000 protestants français se sont installés aux Pays-Bas, dont au moins les deux tiers s’y sont installés de façon permanente. Tout naturellement donc, dès leur arrivée, les huguenots recherchent le contact avec les communautés francophones établies dans le pays, qui ont toujours été étroitement associées au protestantisme français. Les églises wallonnes, (fondées lors de la première persécution en 1574 à Middelbourg et en 1578 à Amsterdam, en tout, 43 églises wallonnes (en français) offraient aux huguenots des lieux d’accueil et de culte francophones, où ils pouvaient aussi trouver des parents en exil. De son côté, le Synode wallon a pris des décisions en faveur des réfugiés français :
Diverses collections et support.

William Carey se réveille à une réalité terrifiante

Ainsi, William Carey, à l’instar des missionnaires de son époque, est envoyé en Inde pour évangéliser, et s’occuper de ses compatriotes expatriés en Inde pour raisons économiques, militaires, administratives ou toute autre raison. Et c’est là que le bas blesse. Il se réveille au fait que pendant qu’il annonce l’évangile à ses compatriotes, des millions d’autochtones indiens sont en train de mourir et d’aller en enfer.

Ainsi, il décide que cela ne peut pas continuer ainsi. Oui, il doit atteindre les anglais en Inde avec l’Evangile du Royaume, mais il doit aussi – c’est son devoir – annoncer la puissance de l’Evangile et de la nouvelle naissance aux indigènes, car eux aussi sont des êtres humains et eux aussi ont le droit de recevoir la bonne nouvelle de l’Evangile. 

 

Et voilà que Williami Carey va révolutionner le concept missionnaire. Les missionnaires que l’on envoie dans d’autres pays doivent principalement apporter la Bonne Nouvelle aux autochtones, à ces gens qui, pour toutes sortes de raisons, n’ont jamais entendu la Parole de Dieu et restent complètement aveuglés par leurs religions souvent idolâtres.

Pour nous aujourd’hui, ceci semble tout à fait normal, mais au temps de Carey, ce fut la grande révolution. Personne n’avait pensé qu’il fallait s’occuper des autochtones. Pourquoi leur apporter l’Evangile? C’est un peu la même pensée que l’on avait avec l’église primitive: il fallait évangéliser les juifs, mais les païens, pourquoi? Peuvent-ils être sauvés?

De la même manière que Paul fut l’apôtre des païens, à savoir l’apôtre qui a ouvert la porte de l’Evangile aux non-juifs, de cette même manière, William Carey ouvrit la porte de l’Evangile à ces millions d’autochtones, qui dans le monde, n’auraient jamais entendu la Parole de Dieu, si ce humble serviteur de Dieu ne s’était pas réveillé au fait que Jésus était mort sur la Croix pour tous, et pas uniquement pour les anglais, ses compatriotes.

 

Certes, un siècle plus tôt, John Elliot (c. 1604 – 21 May 1690) était aussi passé par une telle révolution personnelle lorsqu’il pris la ferme décision d’atteindre non seulement ses compatriotes anglais dans le Nouveau Monde, mais aussi les indiens d’amérique. Il faut pour cela nommé l’Apôtre des Indiens. Mais ceci n’était qu’un mouvement personnel et limité dans le temps et l’espace.

Avec William Carey, c’est une révolution dans tout le monde évangélique missionnaire. Un nouveau concept missionnaire: atteindre les autochtones et pas uniquement nos compatriotes à l’étranger. C’est ce qui fera de William Carey le père du mouvement missionnaire moderne.